Gamma glutamyl transférase : causes d’un taux élevé
Il y a quelques années, en lisant un bilan sanguin après une grosse fatigue persistante, je suis tombé sur une ligne inconnue : GGT élevée. J’ai tout de suite demandé à mon médecin : “C’est grave, docteur ?” Il a souri, pris son temps, et m’a expliqué calmement ce que vous allez lire ici.
La gamma-glutamyl transférase, ou GGT, c’est une enzyme. Un nom compliqué pour une sentinelle discrète. Quand elle grimpe, ce n’est pas pour rien. Et c’est souvent le foie qui tire la sonnette d’alarme.
Aujourd’hui, je vous propose un vrai décryptage, simple, humain, sans panique, mais sans détour non plus. Parce que comprendre, c’est déjà se rassurer – et mieux agir.
La GGT : une enzyme au cœur du foie
Pour visualiser un peu, imaginez une grande usine qu’est notre corps. Le foie en serait le centre de tri. Et la GGT ? Un des agents de contrôle qualité. Elle aide à recycler certains composés et à assurer la bonne marche de tout le système.
Présente surtout dans le foie, elle peut aussi se trouver ailleurs (reins, pancréas, intestins…), mais quand son taux grimpe dans une prise de sang, on regarde en priorité ce qui se passe du côté du foie.
Et là, plusieurs causes peuvent être en jeu. Certaines bénignes, d’autres plus sérieuses. Tout dépend du contexte.
Cause n°1 : l’alcool… même sans excès
C’est, de loin, la cause la plus fréquente. Et souvent, la plus banalisée.
On pense que seuls les grands buveurs sont concernés. Pourtant, même une consommation dite “modérée”, mais régulière, peut faire grimper les GGT. Surtout si on a un terrain fragile ou un foie déjà un peu sollicité.
Je me souviens d’un patient croisé lors d’un atelier santé à Nîmes. Il buvait “juste un petit verre de vin rouge tous les soirs”. Rien de bien méchant à ses yeux. Pourtant, ses GGT dépassaient allègrement la norme. Une pause d’un mois, sans alcool, et les taux étaient revenus à la normale.
Parfois, c’est aussi simple que ça.
Cause n°2 : les maladies du foie
Ici, les choses se corsent un peu. Plusieurs pathologies peuvent expliquer un taux élevé de GGT :
Hépatite (virale ou médicamenteuse)
Quand le foie est enflammé, la GGT est souvent la première à réagir. Dans les hépatites chroniques B ou C, par exemple, elle peut fluctuer selon l’activité du virus.
Cirrhose
C’est un stade plus avancé. Le foie se fibrose, perd en élasticité, fonctionne moins bien. La GGT, dans ce cas, monte souvent en flèche, accompagnée d’autres marqueurs (ALAT, ASAT…).
Stéatose hépatique (ou “foie gras”)
Très fréquente aujourd’hui. Elle touche même des personnes minces, surtout en cas de déséquilibre alimentaire ou de diabète. Un foie qui stocke trop de graisses finit par s’enflammer, et les GGT grimpent doucement, parfois sans autre signe.
Un de mes amis, sportif et végétarien, avait des GGT étonnamment hautes. La cause ? Des jus de fruits à gogo, très sucrés, consommés tous les jours. Le sucre, même “naturel”, peut devenir insidieux pour le foie.
Cause n°3 : les médicaments… pas toujours suspects
Certains traitements, même courants, peuvent faire monter les GGT. Ce n’est pas un effet secondaire dangereux en soi, mais c’est bon à savoir.
Voici quelques familles souvent concernées :
- Anticonvulsivants (phénytoïne, carbamazépine)
- Antidépresseurs (surtout anciens antidépresseurs tricycliques)
- Contraceptifs oraux
- Antifongiques puissants
- Paracétamol à forte dose et sur la durée
Mon conseil : si vous découvrez un taux élevé, faites la liste de tous vos médicaments et suppléments, même “naturels”. Apportez-la à votre médecin. On sous-estime trop souvent l’impact de certains mélanges.
Cause n°4 : un obstacle sur la route de la bile
La bile, ce liquide produit par le foie, a besoin de circuler librement vers les intestins. Si elle est bloquée (calculs, inflammation, tumeur…), elle “stagne” et irrite les canaux biliaires. Résultat : la GGT grimpe.
On parle alors de cholestase.
Dans ces cas-là, la GGT monte souvent avec une autre enzyme : la phosphatase alcaline (PAL). Ensemble, elles donnent une indication précieuse sur l’origine du problème.
Cause n°5 : d’autres troubles métaboliques
Plus rarement, d’autres conditions peuvent faire grimper la GGT :
- Syndrome métabolique (association de surpoids, hypertension, diabète)
- Insuffisance cardiaque droite
- Hyperthyroïdie
- Insuffisance rénale avancée
Dans ces situations, la GGT n’est qu’un reflet indirect d’un déséquilibre plus global.
Comment interpréter les résultats ?
Les valeurs varient d’un laboratoire à l’autre, mais globalement :
- Chez l’homme : 10 à 60 UI/L
- Chez la femme : 7 à 40 UI/L
- Chez l’enfant : variable selon l’âge
Un taux légèrement supérieur peut s’expliquer par un excès de vin le week-end précédent ou un médicament ponctuel. Ce n’est pas toujours grave.
Mais un taux multiplié par 2, 3, voire plus, doit amener à creuser.
À ne pas faire : paniquer sur un chiffre isolé
Un bilan hépatique ne se résume jamais à une seule valeur. On regarde aussi :
- Les transaminases (ALAT, ASAT)
- La phosphatase alcaline
- La bilirubine
- Les marqueurs d’hépatite virale
C’est la combinaison de ces données, et non un chiffre brut, qui guide le médecin.
Que faire concrètement en cas de GGT élevée ?
Voici une petite feuille de route que je conseille souvent :
1. Ne pas tirer de conclusions hâtives
Oui, c’est frustrant d’attendre. Mais refaire une prise de sang à quelques semaines d’intervalle permet de confirmer ou non l’anomalie.
2. Stopper l’alcool
Même temporairement, c’est un excellent test. En 2 à 4 semaines, la GGT baisse souvent de moitié si l’alcool était en cause.
3. Optimiser son hygiène de vie
- Manger plus frais : légumes, fruits, légumineuses
- Moins de produits transformés et de sucres cachés
- Bouger 30 minutes par jour (marche, vélo, jardinage…)
- Bien s’hydrater (eau, tisanes, jus de citron tiède le matin…)
4. Revoir ses traitements avec le médecin
Certains médicaments peuvent être ajustés ou remplacés par des alternatives mieux tolérées pour le foie.
5. Ne pas négliger le stress
C’est un facteur souvent oublié, mais un foie « engorgé » peut aussi être le reflet d’une surcharge émotionnelle. Relaxation, respiration, pauses dans le rythme de vie… tout compte.
Tableau récapitulatif
| Cause principale | Mécanisme | Signes associés possibles |
|---|---|---|
| Alcool | Toxicité hépatique | Fatigue, douleur au flanc droit |
| Maladies du foie | Inflammation ou fibrose | Jaunisse, troubles digestifs |
| Médicaments | Hépatotoxicité | Aucun symptôme dans certains cas |
| Obstruction biliaire | Blocage de l’évacuation de la bile | Démangeaisons, selles claires, urines foncées |
| Troubles métaboliques ou cardiaques | Foie congestionné ou déséquilibré | Œdèmes, essoufflement, prise de poids |
FAQ
Est-ce qu’un taux élevé de GGT est toujours synonyme de maladie du foie ?
Pas forcément. Il peut être temporairement élevé suite à un excès d’alcool, un médicament ou un stress aigu. Ce n’est qu’un indicateur, pas un diagnostic.
Peut-on faire baisser son taux de GGT naturellement ?
Oui, dans de nombreux cas. Une hygiène de vie adaptée, une réduction de l’alcool, et parfois des plantes hépato-protectrices (chardon marie, radis noir…) peuvent aider.
Un taux normal de GGT exclut-il toute maladie du foie ?
Non. D’autres marqueurs comme les transaminases ou la bilirubine peuvent être perturbés sans que la GGT le soit.
La GGT est-elle un bon marqueur de suivi ?
Oui, surtout en cas de maladie chronique du foie ou de sevrage alcoolique. Elle permet de suivre l’évolution dans le temps.
Doit-on s’inquiéter si seul ce marqueur est élevé ?
Il faut creuser, mais sans paniquer. Une consultation, un bilan complet, et parfois une simple mise au repos du foie suffisent à normaliser les choses.
En conclusion : écouter son corps… et son foie
La gamma-glutamyl transférase n’est pas une ennemie. C’est un signal. Elle vous murmure : “Hé, il se passe quelque chose, viens jeter un œil par ici.”
Parfois, c’est bénin. Parfois, c’est le début d’un déséquilibre plus profond. Mais dans tous les cas, c’est une opportunité de prendre soin de soi, de revoir certaines habitudes, de ralentir un peu aussi.
Je ne suis pas médecin, mais j’ai vu trop de personnes découvrir une anomalie par hasard… et se remercier plus tard d’avoir réagi tôt.
Alors, si votre taux de GGT grimpe un peu, ne fermez pas les yeux. Prenez rendez-vous. Respirez. Et voyez cela comme un signal bienveillant, non comme une condamnation.
Prenez soin de vous. Vraiment.








































































































































































































































































































































