Je me souviens encore du silence un peu pesant autour de la table, ce dimanche-là. Ma mère, les yeux humides, m’a demandé tout bas : « Tu crois que Mamie serait mieux en MAPAD ou en EHPAD ? » On ne savait pas trop quoi répondre. Et à vrai dire, on ne comprenait même pas bien la différence. Ces sigles, ces structures… tout cela nous paraissait flou, presque abstrait.

Alors j’ai cherché, j’ai creusé, j’ai rencontré des familles, des directeurs d’établissement, et surtout, j’ai écouté. Aujourd’hui, j’ai envie de partager avec vous un article clair, vivant et profondément humain pour distinguer MAPAD et EHPAD, et surtout, pour vous aider à faire un choix qui a du sens.

MAPAD et EHPAD : deux maisons, un même objectif

Commençons par les bases.

• MAPAD signifie Maison d’Accueil pour Personnes Âgées Dépendantes.
• EHPAD signifie Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes.

À première vue, ces deux lieux semblent identiques. Et c’est vrai : tous deux accueillent des personnes âgées en perte d’autonomie. Tous deux proposent un hébergement sécurisé, des repas, des soins. Mais en réalité, ils ne répondent pas exactement aux mêmes profils de résidents, ni aux mêmes besoins.

Et c’est là que les nuances comptent.

Une différence de philosophie… et d’histoire

Il faut savoir que le terme MAPAD a été utilisé pendant longtemps pour désigner ce qu’on appelle aujourd’hui des EHPAD municipaux ou publics. Il évoque souvent des établissements plus anciens, de taille plus humaine, souvent gérés par les communes. Le mot MAPAD est d’ailleurs moins employé dans les textes officiels, mais il reste très ancré dans la mémoire collective.

À l’inverse, EHPAD est un terme administratif plus récent, né d’une volonté de mieux structurer l’offre médico-sociale pour les personnes âgées.

Mais au-delà des mots, ce qui importe, c’est ce qui se vit à l’intérieur de ces murs.

Ce qui change concrètement entre MAPAD et EHPAD

Le profil des résidents

• MAPAD : souvent, ce sont des personnes âgées encore relativement autonomes. Elles peuvent se déplacer seules, participer aux repas collectifs, échanger, rire, bricoler. Elles ont besoin d’un peu d’aide, parfois d’une présence rassurante la nuit, mais pas forcément de soins médicaux quotidiens.
• EHPAD : on y accueille des personnes plus dépendantes, parfois atteintes de pathologies chroniques, de troubles cognitifs, ou nécessitant une surveillance médicale renforcée. Le personnel est formé pour cela, avec la présence d’un médecin coordonnateur et d’une équipe soignante complète.

Je me souviens d’une dame, lors d’une visite en MAPAD à Sète : elle tricotait tranquillement dans le salon. Elle m’a dit avec un sourire : « Ici, je me sens libre mais jamais seule. » C’est souvent ce que cherchent les personnes encore actives mais fragilisées.

L’encadrement médical

• MAPAD : présence de personnel soignant, mais souvent limitée. L’infirmier peut ne pas être présent 24h/24. Le suivi médical repose davantage sur le médecin traitant du résident.
• EHPAD : c’est un véritable établissement médicalisé. On y trouve un médecin coordonnateur, des infirmiers présents jour et nuit, des aides-soignants, et parfois un psychologue, un kinésithérapeute, ou même un ergothérapeute.

Clairement, en cas de pathologie évolutive (Alzheimer, Parkinson…), l’EHPAD est souvent mieux équipé.

L’ambiance et la taille de la structure

• MAPAD : plus petit, plus « familial ». On parle de 40 à 70 résidents en moyenne. On s’y sent parfois comme dans un grand foyer. On y connaît les prénoms, les habitudes. Cela peut rassurer les personnes âgées ayant encore un bon niveau d’autonomie.
• EHPAD : plus grand, souvent plus structuré. Cela peut offrir plus d’activités, de soins, mais aussi un rythme plus institutionnalisé, qui ne convient pas à tous.

Mon père me disait, après avoir visité un MAPAD dans l’Hérault : « Ce qui m’a touché, c’est que tout le monde disait bonjour à tout le monde. » Ce genre de détail compte.

Le prix : une question sensible

• En moyenne, les EHPAD sont plus chers que les MAPAD, du fait de leur encadrement médical renforcé.
• Les MAPAD publics ou associatifs, souvent gérés par les communes, proposent des tarifs plus accessibles, et sont parfois éligibles à l’aide sociale à l’hébergement (ASH).

Mais attention, tout dépend de la région, du statut de l’établissement (public, privé, associatif), et du niveau de dépendance de la personne accueillie.

Voici un petit tableau pour résumer :

Comment savoir ce qui convient le mieux à votre proche ?

Posez-vous (et posez-lui) ces quelques questions :

• A-t-il besoin d’une surveillance médicale régulière ?
• Est-il capable de se déplacer seul ?
• A-t-il besoin d’aide pour la toilette, l’habillage ?
• Souhaite-t-il participer à des activités collectives ?
• Est-il sujet à des troubles cognitifs (pertes de mémoire, confusion) ?
• Est-il sensible au cadre, à l’ambiance chaleureuse d’un petit lieu ?

Je me souviens d’un monsieur que j’ai rencontré dans un EHPAD à Lunel. Il avait 92 ans, et une forme mentale incroyable. Mais son diabète était instable, et il avait déjà fait deux chutes. Son fils m’a confié : « J’aurais préféré le garder chez lui, ou dans un petit établissement. Mais la sécurité passe avant tout. » Et il avait raison.

L’essentiel : adapter la structure au parcours de vie

Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix entre MAPAD et EHPAD. Il y a le bon choix à un instant T, en fonction de l’état de santé, du niveau d’autonomie, des souhaits de la personne, et des possibilités financières de la famille.

Dans certains cas, une personne entre en MAPAD, puis bascule vers un EHPAD lorsque son état évolue. Et c’est normal.

L’important, c’est de rester à l’écoute, d’aller visiter les lieux, de discuter avec le personnel, de ressentir l’ambiance.

FAQ

Quelle est la différence entre un MAPAD public et un MAPAD privé ?

Le MAPAD public dépend souvent de la mairie ou du département, avec des tarifs plus encadrés. Le privé peut offrir plus de confort, mais à un coût plus élevé.

Puis-je visiter plusieurs établissements avant de choisir ?

Oui, et c’est même essentiel ! Prenez le temps de ressentir l’endroit, d’échanger avec les soignants, de voir comment les résidents vivent au quotidien.

Dois-je passer par la MDPH pour l’entrée ?

Pas nécessairement. Mais une évaluation du niveau de dépendance (GIR) par un médecin est indispensable pour déterminer le bon type de structure.

Peut-on passer d’un MAPAD à un EHPAD facilement ?

Cela dépend des disponibilités, mais oui, c’est une transition possible et fréquente.

Quelles aides peuvent m’aider à financer un hébergement ?

L’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie), l’aide au logement (APL), et l’ASH (Aide Sociale à l’Hébergement) sont les principales. Un assistant social peut vous aider à y voir clair.

En conclusion

Choisir entre MAPAD et EHPAD, c’est bien plus qu’une décision administrative. C’est une décision de cœur, de soin, d’accompagnement. C’est vouloir offrir le meilleur cadre de vie possible à un parent, un grand-parent, un proche qu’on aime.

Alors si vous êtes dans ce moment délicat, je vous invite à faire comme je l’ai fait : allez sur place, observez, écoutez, ressentez. Et surtout, discutez avec votre proche. Car c’est son quotidien qui changera, pas seulement son adresse.

Et si vous avez besoin d’un regard extérieur, d’un coup de main pour comprendre les options, ou simplement de partager vos doutes… sachez que vous n’êtes pas seul. Jamais.